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L’art de la pierre

Publié le par Titia Carrizey-Jasick.

Dans l'atelier de La Bachellerie, Georges Lafaye vérifie le prémontage des blocs. photo t. C.-J.Carrizey-Jasick Titia

Dans l’atelier de La Bachellerie, Georges Lafaye vérifie le prémontage des blocs. photo t. C.-J.Carrizey-Jasick Titia

Les Compagnons réunis de La Bachellerie ont restauré le dôme d’une poivrière

Depuis les premiers jours de septembre, les propriétaires de la célèbre forteresse de Beynac ont confié la restauration de la façade sud-est du corps de logis aux mains expertes des hommes de l’art (lire « Sud Ouest Dimanche » du 26 septembre).

Au sommet d’échafaudages à la hauteur vertigineuse, charpentiers, couvreurs, lauziers, maçons et tailleurs de pierre sont au chevet des murs séculaires pour donner un nouvel air de jeunesse à l’un des plus emblématiques châteaux du Périgord. Un vaste chantier qui s’inscrit dans le programme de restauration entamé depuis 1961, avec la présence constante des experts sur le site même.

Une des pièces maîtresses destinées à parachever ces travaux a été préparée à une cinquantaine de kilomètres de là, à La Bachellerie, dans les nouveaux ateliers des Compagnons réunis. Agréée par les Monuments historiques, cette entreprise périgordine officie régulièrement sur les sites classés du département.

« Un effet rustine »

On lui doit dernièrement la restauration de la galerie voûtée (en attendant celle de la tour des gardes) du château de Biron ou de la partie médiévale du château de Bourdeilles, mais aussi des interventions sur le clocher de la cathédrale Saint-Front de Périgueux ou encore la consolidation des remparts du château de Carlux.

Les Compagnons réunis se sont penchés ici sur le remplacement intégral du dôme de la poivrière, une échauguette datée du XVIIe siècle. « L’ancien dôme avait été cimenté pour un effet rustine, explique Georges Lafaye, dirigeant de la société. L’ensemble, désagrégé par l’érosion et la végétation, menaçait de tomber. »

Pour cette restauration, des blocs de grès de Juneda de 6 m3 sont arrivés directement d’Espagne. Ils ont été sciés en tranches et débités, selon les plans, aux dimensions voulues. « C’est le matériau qui se rapproche le plus de la pierre auparavant en place », souligne encore Georges Lafaye. « Nous travaillons ensuite à la main chacune des 46 pièces du dôme, ainsi que la clef de voûte, pour un résultat naturel. »

Les traces des anciens

En caressant la pierre de l’épi de faîtage, dont la partie supérieure originelle a pu être conservée, l’homme de l’art dit regretter qu’aujourd’hui bon nombre de restaurations puissent être réalisées de façon industrielle. Là, sous les mains expertes des tailleurs, chaque surface prend une première patine. Les éléments du dôme ont ensuite été hissés par un treuil pour être assemblés entre ciel et terre, au mortier de chaux, autour d’un cintrage de bois

Les Compagnons réunis se retrouvent ainsi sur les traces de ceux qui, des siècles avant eux, sont intervenus sur le château. « On pense évidemment toujours aux anciens qui ne disposaient pas de moyens modernes. On voit les traces de leurs outils dans la pierre : c’est émouvant. Nous leur devons le respect, comme à la pierre d’ailleurs. Même si elle est condamnée à partir à la casse, on la vouvoie comme on dit. »

Pour s’inscrire dans la lignée éthique du métier, les spécialistes de La Bachellerie se sont attachés in situ à donner sa dernière patine au dôme, afin de l’intégrer avec harmonie au reste de la construction…

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